États-Unis : chez les jeunes, la consommation quotidienne de cannabis a doublé en 10 ans

D’après une étude publiée ce lundi, intitulée “Monitoring the Future” et portant sur 5 000 jeunes adultes américain·es entre 19 et 30 ans, la consommation de cannabis auprès de cette population a atteint des sommets historiques l’année dernière, après s’être stabilisée pendant la première année de pandémie. 43 % des jeunes ont ainsi déclaré avoir consommé du cannabis l’année dernière, contre 34 % en 2016 et 29 % en 2011. D’après les chercheur·euses, la consommation quotidienne de cannabis chez les jeunes adultes a par ailleurs quasiment doublé en dix ans, passant de 6 % en 2011 à 11 % en 2021. Certain·es émettent l’hypothèse que la normalisation de la marijuana a contribué à persuader de nombreux·euses jeunes qu’elle serait inoffensive.

Il n’y a pas que la consommation de cannabis qui a explosé ces derniers temps aux États-Unis : les chiffres de l’étude concernant les excès liés à l’alcool et aux drogues hallucinogènes – illégales dans le pays – ont eux aussi fortement augmenté. Le nombre de jeunes adultes qui déclarent avoir pris du LSD, de la MDMA, de la mescaline, du peyotl, des champignons ou du PCP est ainsi passé de 3 % en 2011 à 5 % en 2016 puis à 8 % en 2021.

La directrice de l’Institut national sur l’abus des drogues, Nora Volkow, a déclaré que les expert·es en santé publique devaient trouver des moyens plus nuancés et plus réfléchis de communiquer sur les dangers potentiels des drogues récréatives – qui ont également des avantages thérapeutiques -, comme le rapporte le New York Times. “En tant que société, nous avons tendance à être très catégoriques sur ces choses. Nous disons que les drogues sont si mauvaises qu’elles vous feront frire le cerveau comme un œuf (…). En rendant tout noir et blanc, nous perdons toute crédibilité.”

Une analyse pertinente sur les effets des confinements

Par ailleurs, la chercheuse met en évidence, entre autres, l’impact des confinements sur les comportements des jeunes adultes. L’étude souligne notamment les effets dévastateurs de la pandémie sur la santé mentale, mais aussi la disponibilité accrue de la marijuana légale et l’utilisation d’hallucinogènes à des fins thérapeutiques pour traiter la dépression ou les syndromes de stress post-traumatique. L’enquête comporte en revanche quelques points positifs et encourageants : le tabagisme ainsi que les excès d’opioïdes ont diminué chez les jeunes adultes depuis l’année dernière.

Si l’on regarde du côté de la France, premier pays consommateur de cannabis en Europe, la prohibition en vigueur semble largement inefficace, et le gouvernement désintéressé par la question de la dépénalisation.