Pour célébrer son vingtième anniversaire, le CND à Pantin présente l’exposition “Pièces distinguées”, et s’offre un samedi de fête le 7 décembre prochain.
À son ouverture en décembre 2004, le Centre national de la danse aura essuyé bien des critiques. Démesuré, le bâtiment, ancien centre administratif de la ville de Pantin, a des allures de paquebot plus que de studio de danse. Béton brut et rampe intérieure sont pourtant du plus bel effet.
Mais les danseur·euses, professionnel·les ou amateur·ices, y ont-ils et elles vraiment leur place ? La réhabilitation du tandem d’architectes Antoinette Robain et Claire Guieysse a permis de dégager 13 studios dont 3 accessibles au public. Une médiathèque, ouverte sur la rue, invite les passant·es tandis que des terrasses extérieures s’ouvrent sur le canal tout proche. Seul hic, une salle de spectacle peu pratique pour les artistes. On fera avec, en espérant mieux. Pantin n’est alors pas encore cette ville réinventée avec galeries et fondations. Mais elle en prend le chemin. Le CND sera le fer de lance de cette voie arty.
Un esprit rassembleur
Surtout le lieu est pensé pour les interprètes, avec un esprit rassembleur plutôt que cloisonné. La preuve des années plus tard par l’événement Camping, convergence d’écoles de danse du monde entier. Depuis son ouverture, le CND a vu défiler des créateur·ices en devenir et d’autres installé·es. Si certaines expositions n’ont pas vraiment convaincu, des moments forts comme le colloque Alain Buffard, consacré au chorégraphe disparu, ou les ouvertures de saison ont marqué les esprits. Le Centre s’est même doté d’un magazine en ligne de belle tenue, gratuit et bilingue.
On regrettera néanmoins la moindre visibilité de feu la Cinémathèque de la danse absorbée par le CND : à défaut de salle dédiée, celle-ci semble mise sur pause. Cette maison en mouvement a connu plusieurs directions – dont celle de Mathilde Monnier – et son lot de remises en question.
Rendez-vous le 7 décembre
Il est d’ailleurs sans doute temps de repenser certains dispositifs qui lui sont propres pour en faire un espace encore plus connecté aux populations locales. Mais pour l’heure, l’esprit est à la fête – même si tout le monde a conscience des difficultés du milieu avec des pièces de moins en moins diffusées et vues, des coupes budgétaires annoncées. Le 7 décembre, ce Centre d’art pour la danse met les petits pas dans les grands : Boris Charmatz avec une performance au titre de saison, Emmitouflé, des artistes du Moulin Rouge, la reprise du solo iconique de François Chaignaud, Dumy Moyi, ou le DJ et artiste Baptiste Cazaux.
Mais on n’aura d’yeux que pour Soa de Muse, performer protéiforme, qui signe avec ce troisième volet de Diaspora un acte fort. Dans ce projet, Soa fusionne “afro-futurisme, célébration de l’excellence noire et la forme cabaret pour édifier de nouvelles mythologies émancipatrices, libérées des stéréotypes oppressifs qui ont entravé les peuples racisés”. Histoire de montrer la danse sous toutes ses formes.
CND, 20 ans, le samedi 7 décembre de 15 h à 21 h
Exposition Pièces distinguées, commissaire Laurent Sébillote, Juliette Riandey et Stéphane Caroff jusqu’au 4 avril 25 au CND Pantin
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