Entre exposition, performance et théâtre documentaire, l’artiste propose un voyage au cœur des passions populaires.
S’amusant du côté ludique de la présentation de ses travaux, Mohamed El Khatib constate avec humour qu’il transforme en un souk géant la nef centrale du Grand Palais. Avec cet événement qu’il dédicace à sa génitrice en le titrant, Le Grand Palais de ma mère, l’artiste-metteur en scène réunit le paysage d’une casse automobile de modèles des années 1970 et un grand gradin baigné par les effluves d’une baraque à frites. Autant de traces explicites de son engagement pour les esthétiques du plus grand nombre.
Né dans une famille ouvrière d’émigrés marocains, l’adolescent transforme ses passions pour le sport et la culture en parcours d’excellence. Fan de foot, il intègre l’équipe de France junior avant de se lancer dans un cursus universitaire en sociologie.
Une esthétique du plus grand nombre
Sous les lumières de la grande verrière Mohamed El Khatib déploie trois expositions-installations qui font lien avec ses performances et mises en scène.
Avec Notre musée, il confie un rôle de curateur à des personnes en situation de précarité n’ayant jamais mis les pieds dans un musée pour associer l’objet qui leur est le plus cher à une œuvre puisée dans les réserves de la Collection Lambert. Il s’associe à l’historien Patrick Boucheron pour son spectacle Boule à neige (2016), manière de réactiver à deux l’histoire de cet objet incontournable de la culture grand public.
Avec l’installation Renault 12, il documente les migrations des familles maghrébines allant passer leurs vacances au bled en investissant un cimetière de voitures réactivé par les BO écoutées durant le voyage. Son installation 504 (2023), collecte les récits de ces migrations estivales. Conçu avec Valérie Mréjen, le projet d’ouverture d’un centre d’art en Ehpad propose un premier accrochage d’œuvres et renvoie à la pièce La Vie secrète des vieux (2024) où des représentants du quatrième âge revendiquent d’aimer et de jouir encore. Avec Stadium (2017), honneur au foot dans un théâtre documentaire consacré à la passion du ballon rond de 58 supporteurs du Racing Club de Lens. Enfin, Finir en Beauté (2014) témoigne de la fin de vie de sa mère qui fut l’événement déclencheur de ces années de réflexion sur le monde passant par l’art et la scène.
Le Grand Palais de ma mère, expositions, installations et mises en scène de Mohamed El Khatib, du 13 au 29 juin, Nef du Grand Palais.
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