Le nouveau film de Quentin Dupieux, un road-trip en Sardaigne avec Philippe Katerine, un énième reboot de la saga “Jurassic Park”… Voici les sorties ciné de la semaine.
L’Accident de piano réalisé par Quentin Dupieux
Pour tout constat sociétal, L’Accident de piano ne fait état que d’une perte généralisée de l’empathie : une humanité bonne à jeter qui ne serait plus que la somme de ses solitudes, où l’artiste, au moins, et sans mériter pour autant d’être sauvé·e, ferait de son individualisme quelque chose d’un tout petit peu plus précieux – a fortiori en ayant la dignité de s’autodétruire. Le résultat est à la fois déprimant et assez entêtant, en ce qu’il réaffirme en majesté Dupieux comme le grand nouvelliste noir et morbide qu’il sait parfois être.
L’Aventura réalisé par Sophie Letourneur
On reste hébété·e, le corps engourdi comme après une longue exposition au soleil. Le film trouve dans ses répétitions inlassables et harassantes, dans ses conversations qui se croisent, se superposent, ses sons qui s’entrechoquent un écho inévitable à la sidération du cinéma d’Abdellatif Kechiche, une façon prodigieuse d’organiser le chaos en tableau impressionniste.
Jurassic World : Renaissance réalisé par Gareth Edwards
Programmatique à souhait, sans souffle aucun, Renaissance soulève inévitablement la question du réinvestissement des mythes, une obsession partagée avec le dernier Alien Romulus ou le reboot de Twisters : des retours fort appliqués mais moroses et qui révèlent une impuissance hollywoodienne flagrante à entretenir ses remous d’antan. Une renaissance en trompe-l’oeil pour un clonage fossilisé.
Materialists réalisé par Celine Song
Le rôle des stars est de nous faire oublier qu’elles le sont, et celles-ci n’y parviennent jamais, pas plus qu’elles ne feignent la moindre alchimie. À commencer par l’héroïne à qui Celine Song ne prend jamais la peine d’offrir une intériorité, un passé ou des amis. […] Et c’est ainsi que le dernier mouvement, censé sceller une forme de rédemption, tombe à plat sous l’empire du consumérisme flasque, dissolu dans 50 nuances de beige.
Islands réalisé par Jan-Ole Gerster
On reste un peu perplexe sur ce que le film veut vraiment raconter, se demandant si l’ennui d’un fêtard en déroute et son désir familial inconscient suffisent à en faire un. Car si toute cette mésaventure confronte finalement Tom à son propre vide existentiel et le pousse à sortir de son vortex quotidien, elle ne nous sauve malheureusement pas du nôtre, nous laissant en fin de compte comme lui, avec un souvenir vague et brumeux en tête.
Rapaces réalisé par Peter Dourountzis
Peter Dourountzis articule son récit sur une série de rivalités entre modernité et passé, entre les hommes et les femmes, entre des outils archaïques que sont la radio, la presse papier et d’autres technologiques, pour finalement accoucher d’une concorde un peu timide et expéditive sur le grand conflit de générations, de genre, qui cimente tout le film. […] Si Peter Dourountzis est très certainement solidaire de sa jeune héroïne, Rapaces, écartelé entre pratique et théorie, semble finalement un peu trop galvanisé par les us et coutumes du monde viril qu’il prétend dénoncer pour nous convaincre totalement.
La critique de Marilou Duponchel
Mamie-sitting réalisé par Darren Thornton
Au-delà de la comédie, parfois un peu tirée par les cheveux et larmoyante, mais vraiment plaisante et sympathique, qu’est Mamie-sitting, un propos plus politique apparaît en filigrane, notamment quand Edward et ses copains rappellent à leurs mères l’image catastrophique du couple et de la sexualité qu’elles leur ont transmis. Parler avec tant de liberté et de légèreté du poids que représenta, pendant des siècles et jusqu’à peu, l’éducation catholique, est au cœur du film.
La critique de Jean-Baptiste Morain
La trilogie d’Oslo réalisée par Dag Johan Haugerud
Tel un héritier de la maïeutique rohmérienne, Dag Johan Haugerud s’intéresse moins à la sexualité en tant que telle qu’aux questionnements et contradictions propres aux désirs, au sein d’une société norvégienne fluide, en évolution. […] La mise en scène de ces nombreux dialogues, en plans-séquences pour accompagner une révélation ou en champ-contrechamp pour parvenir conjointement à une conclusion, met autant en valeur les acteur·rices que leur environnement.