Le cinéaste Jafar Panahi entame une grève de la faim

Publié le 3 février 2023 à 12h07
Mis à jour le 9 février 2023 à 15h05

Emprisonné à Téhéran depuis six mois maintenant, Jafar Panahi a démarré une grève de la faim ce 1er février pour protester contre l’inhumanité du système iranien.

La femme du réalisateur Jafar Panahi, arrêté en juillet 2022, a partagé ses déclarations : “Je refuserai de manger et de boire et de prendre tout médicament jusqu’à ma libération.” Un nouveau procès avait été ordonné en octobre, laissant alors espérer sa remise en liberté.

Incarcéré pour “propagande contre le système”, Panahi a déclaré n’avoir “d’autre choix que de protester contre ce comportement inhumain avec ce que j’ai de plus cher : ma vie”. De larges protestations secouent le pays depuis septembre 2022 et touchent également l’industrie cinématographique. L’actrice Taraneh Alidoosti, elle aussi arrêtée, a finalement été libérée début janvier, mais d’autres cinéastes comme Mohammad Rasoulof et Mostafa Al-Ahmad sont toujours incarcérés.

De nombreux soutiens internationaux

Les films de Jafar Panahi ont toujours eu une forte dimension politique, dès ses premières réalisations et succès tel Le Cercle, qui avait pour thème le divorce d’un couple devenu les parents d’une fille quand ils pensaient avoir un garçon, et qui avait remporté le Lion d’or en 2000.

En France, l’ARP et la SRF, deux organisations professionnelles du cinéma, ont déjà pris la parole, déclarant que “ce cri pour la liberté nous oblige collectivement”. Une pétition vient également d’être lancée et relayée par Marjane Satrapi. Le Festival de Cannes, qui lui décernait en 2018 le Prix du scénario pour Trois visages, a également demandé la libération du réalisateur.

Le Festival de Cannes lui réaffirme tout son soutien en appelant, comme de nombreux artistes, festivals et organisations à travers le monde, à sa libération immédiate. #JafarPanahi #Iran #FreeJafarPanahi pic.twitter.com/2jkxCNTdN4
— Festival de Cannes (@Festival_Cannes) February 2, 2023

La Berlinale, dont la nouvelle édition démarrera à la fin du mois, a également partagé son soutien au cinéaste et condamné son arrestation. Jafar Panahi avait remporté l’Ours d’or en 2015 pour son film Taxi Téhéran.

Imprisoned Iranian filmmaker Jafar Panahi on hunger strike: "I will remain in this state until perhaps my lifeless body is released from prison."

We stand in solidarity with Iranians fighting for their rights, condemn his arrest and call for his release.https://t.co/ZRe1fZJtky
— Berlinale (@berlinale) February 2, 2023

Le cinéaste iranien Jafar Panahi a entamé une grève de la faim pour protester contre son emprisonnement. Nous vous proposons de découvrir les raisons pour lesquelles il se dit « emprisonné mentalement » et le soutien qu’il a apporté à l’avocate Nasrin Sotoudeh, elle aussi emprisonnée en Iran. Panahi n’est pas le seul artiste iranien à subir les foudres du régime, comme en témoigne l’arrestation du cinéaste Mohammad Rasoulof. La censure politique ne touche d’ailleurs pas que l’Iran, mais aussi la France, comme le montre notre enquête sur ces films français victimes de censure politique. Enfin, nous revenons sur les raisons de l’emprisonnement de Jafar Panahi, avec l’article sur la révocation de sa liberté conditionnelle et celui sur ses nouvelles lors du New York Film Festival.