Pour sa 16e édition, les Arcs Film Festival a délivré un palmarès resserré et cohérent. Trois films de la compétition se disputent la majorité des grands prix de cette édition 2024.
Pour cette 16e édition, le jury composé de l’écrivaine Delphine de Vigan, du producteur et réalisateur Peter Kerekes, de l’acteur Pio Marmaï, de l’actrice Céline Sallette et de la compositrice de films et productrice Herdís Stefánsdóttir, a remis la Flèche de Cristal à Kneecap. Un premier long irlandais entouré, avant son sacre, d’un bouche à oreille très favorable, et que nous n’avons malheureusement pas pu voir.
Inspiré d’une histoire vraie, ce faux biopic retrace la création du véritable groupe à succès Kneecap (“rotule” en anglais) et renvoie au passé trouble de l’Irlande de Nord et plus spécifiquement à une technique de torture destinée à briser les genoux des détenus. Qualifiée de Transpotting à l’irlandaise, la comédie se focalise sur la rencontre des membres du groupe, des ados désœuvrés de Belfast, et d’un prof de musique. Avec ses textes en langue gaélique, le groupe symbolise la lutte pour une préservation de l’identité irlandaise.
Les comédies de remariage à l’honneur
Autre grand gagnant de cette édition : Loveable de Lilja Ingolfsdottir, grand prix du jury et prix d’interprétation pour son actrice Helga Guren. D’abord comédie de remariage, le premier long métrage de Lilja Ingolfsdottir dévie du programme attendu pour mettre en lumière l’insidieuse charge mentale qui pèse sur les épaules de Maria, dessinatrice, mère et épouse. Le film est déroutant parce qu’ambigu, jamais tout à fait catégorique dans son propos, mais infiniment juste quand il filme la saine colère de son héroïne comme une anomalie aux yeux des autres. Enfin, Toxic de Saulé Bliuvaite, dernier Léopard d’or à Locarno, sur des jeunes filles rêvant de s’extirper de leur condition par le mannequinat, obtient trois prix (meilleure photo, mention spéciale des Cinglés du cinéma, prix Cineuropa).
Autre comédie de remariage réinventée, le très bon Le Beau Rôle de Victor Rodenbach était présenté en avant-première. Avec lui, deux autres comédies d’autrices françaises auront tout particulièrement retenu notre attention et offert un panorama très réjouissant et novateur du genre. Dans Reine mère, Manele Labidi exorcise avec fantaisie, drôlerie mais aussi gravité le racisme systémique d’hier et celui d’aujourd’hui. À la manière de La Rose pourpre du Caire de Woody Allen, la cinéaste imagine la rencontre improbable entre Mouna et Charles Martel, figure historique encensée par les adeptes de l’idéologie identitaire et réécrit l’histoire par le prisme de l’intime.
Enfin dans Bonjour l’asile, Judith Davis réunit nos contradictions contemporaines dans un asile à ciel ouvert, soit un tiers-lieu niché au cœur d’une forêt. Pour son deuxième long métrage, la réalisatrice convoque la caricature pour mieux s’en émanciper et brosse le portrait d’une galerie de personnages pris dans les filets de leurs propres paradoxes. Après la fureur de Tout ce qu’il nous reste de la révolution, Judith Davis fait ici le pari de l’alternative et dessine pour ses personnages en quête de sens et d’altérité un horizon viable et partageable.
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