En pleine préparation de votre valise ? Voici quelques idées de lecture (petit format) pour se mettre en jambes avant la rentrée littéraire.
La Mort de C. de Gabrielle Wittkop
Dans la préface de La Mort de C., qui ressort cette année en poche chez Gallimard, dans la collection “L’Imaginaire”, après une première publication chez Bourgois en 1975 et une réédition en 2001 chez Verticales, Yannick Haenel présente l’œuvre de Gabrielle Wittkop comme une sorte d’antidote à “la platitude rassurante qui prévaut assez souvent dans la littérature contemporaine”. Il invite à redécouvrir cette disciple littéraire de Sade, “aristocrate libertaire” comme la décrivait l’éditeur Bernard Wallet, “libertine cosmopolite” comme elle se définissait elle-même et autrice du Nécrophile (1972). Lire l’article
La Mort de C. suivi du Puritain passionné de Gabrielle Wittkop (Gallimard/“L’Imaginaire”), 176 p., 11 €.
Impossibles adieux de Han Kang
Avec ce beau roman, où les mort·es s’invitent dans les rêves des vivant·es, Han Kang avait eu le Médicis étranger 2023. Un an après, elle décrochait le Nobel pour l’ensemble de son œuvre. La publication en poche d’Impossibles adieux constitue une excellente occasion de se plonger dans l’univers sensible de l’immense autrice et poétesse coréenne. Lire l’article
Impossibles adieux de Han Kang. Traduit du coréen par Kyungran Choi et Pierre Bisiou (Le livre de poche). 336 p., 8,90 €.
Nevada de Imogen Binnie
Nous avons pu enfin découvrir ce roman culte en 2023, dix ans après sa sortie aux États-Unis chez un petit éditeur, écrit par Imogen Binnie, une pionnière de la littérature transgenre. D’inspiration autobiographique, Nevada nous entraîne dans le quotidien d’une femme trans à New York, libraire, en couple avec une femme. Mais le couple bat vite de l’aile, et sa vie new-yorkaise devient errance, jusqu’au moment où elle décide de sauter dans sa voiture et de prendre la route pour sillonner le Grand Ouest. Lire l’article
Nevada de Imogen Binnie (Folio)– Traduction de l’anglais (États-Unis) par Violaine Huisman. 352 p. 9,50 euros. En librairie.
Cold case d’Alexandre Labruffe
Un jour, Minkyung, la compagne d’Alexandre Labruffe, a avoué avoir un “oncle congelé”. L’auteur d’Un hiver à Wuhan (2020) a tenté de comprendre le passé familial de cette jeune femme née en Corée du Sud, et reconstruit la trajectoire tragique d’un homme mort de froid à Toronto où il avait émigré. Ce drame, sur lequel la famille s’est toujours tue, serait à l’origine des problèmes psychiatriques rencontrés par son frère, le père de Minkyung. Lire l’article
Cold case d’Alexandre Labruffe (Folio), 256 p., 8,50 €.
La Foudre de Pierric Bailly
Il faut toute la sensibilité de Pierric Bailly pour, retraçant le parcours d’une vie apparemment sans histoires, parvenir à écrire une tragédie. Dès les premières pages, l’auteur du Roman de Jim (adapté au cinéma par les frères Larrieu) instaure dans son texte une atmosphère singulièrement poignante, suggérant chez son personnage principal des chagrins enfouis dont il ne dit rien. Lire l’article
La Foudre de Pierric Bailly (Folio) 432 p, 9,50 €.
Sarah, Susanne et l’écrivain d’Éric Reinhardt
Le dispositif romanesque est ingénieux de Sarah, Susanne et l’écrivain : passer de la réalité de Sarah, à sa transposition en fiction et son double narratif, Susanne. Deux femmes, donc, en miroir. Ce jeu, cette tension continuelle entre similitudes et différences, vérité et mensonges, réel et variations, interprétations, est vertigineux. Et si le double de Sarah n’était pas celle que l’on croit, mais l’écrivain lui-même ? Lire l’article
Sarah, Susanne et l’écrivain d’Éric Reinhardt, Folio, 464 p., 9,40 euros.
Aliène de Phœbe Hadjimarkos Clarke
Aliène est en effet un livre profondément travaillé par l’étrangeté : celle de l’écriture très sensorielle de Hadjimarkos Clarke, mais aussi celle des situations qu’elle décrit. On croise des extraterrestres qui enlèvent les hommes de la région, une télé-réalité dans laquelle les participant·es doivent cultiver des légumes, et beaucoup de virées sous drogues dans la campagne brumeuse.
Aliène de Phœbe Hadjimarkos Clarke, Points Littérature, 240p. 8,40 euros.
Drive de Hettie Jones
Le titre de son recueil, Drive, donne le ton d’une génération de femmes – et d’hommes – qui prirent la route, dédièrent leurs écrits et leurs vies à bafouer les frontières et les normes des années 1940 et 1950 aux États-Unis. Dans sa voiture, Hettie Jones est libre, indépendante, bref c’est elle qui a le volant et mène sa vie. “J’ai toujours été à la fois/suffisamment femme pour être émue aux larmes/et suffisamment homme/pour conduire ma voiture dans n’importe quelle direction”.
Drive de Hettie Jones, Robert Laffont, 273 p. 10 euros
Passage de l’Odéon de Laure Murat
C’est toute cette ébullition littéraire et artistique de l’entre-deux-guerres que raconte Murat dans ce livre nécessaire d’abord paru en 2003, à travers le double portrait de ces deux héroïnes littéraires, qui n’auront pas peur de publier l’un des chefs-d’œuvre du siècle, pourtant refusé par tous. C’est en effet Sylvia Beach qui, en 1922, publie Ulysse de James Joyce, et Adrienne Monnier qui le publiera sept ans plus tard en traduction française. Lire l’article
Passage de l’Odéon de Laure Murat, 482 p, 17 euros.
Mémoires de Marlene Dietrich
Rééditée en poche, l’autobiographie de la star révèle une femme libre et engagée dont l’esprit et l’humour explosif ne finissent pas de nous enchanter. Lire l’article
Mémoires de Marlene Dietrich (Grasset/“Les Cahiers Rouges”), traduit de l’anglais (États-Unis) par Boris Mattews et Françoise Ducout, 352 p., 16 euros.
Mes amis de Hisham Matar
Dans son roman, l’envoûtant Mes amis, Hisham Matar écrit des pages magnifiques sur l’exil – il a quitté son pays très jeune pour l’Angleterre, comme son narrateur, Khaled, qui se remémore sa vie le temps d’un trajet à pieds de la gare de Saint-Pancras au quartier de Shepherd’s Bush, où il vit depuis 30 ans. Car Londres est pour lui le nom de son exil. Lire l’article
Hisham Matar, Mes amis, Folio Gallimard, 528 p., 10 euros.