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6 min

Rencontre avec la grande révélation de la rentrée littéraire, David Diop

par Nelly Kaprièlian

Publié le 30 octobre 2018 à 15h30
Mis à jour le 30 octobre 2018 à 15h30

David Diop © Renaud Monfourny

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Rencontre à Paris avec la grande révélation de la rentrée littéraire grâce à un envoûtant roman qui lève le voile sur tout un pan du colonialisme et de la guerre de 1914-1918.

David Diop aurait pu avoir deux handicaps : un homonyme, le seul David Diop mentionné sur la toile étant un poète sénégalais mort en 1960 et ayant travaillé sur la souffrance du peuple noir ; et la guerre de 14, sujet de son roman, alors qu’on célèbre le centenaire de la fin de cette Première Guerre mondiale…

Avouons qu’on y allait en traînant les savates – encore un livre sur la guerre, encore un livre formaté pour un grand prix, pensait-on. Et on avait tort : il suffit de se plonger dans Frère d’âme, que Diop appelle son “vrai premier roman” alors qu’il en a déjà publié un (1889, l’Attraction universelle, passé inaperçu en 2012), pour comprendre que ce roman va plus loin que, disons au hasard, celui de Pierre Lemaître, Au revoir là-haut (prix Goncourt 2013).

<< Lire notre critique de "Frère d'âme

C’est tout un pan de l’histoire de la guerre et du colonialisme qui nous est dévoilé, quand de jeunes Sénégalais furent enrôlés par la France pour combattre l’ennemi allemand. “Cet aspect politique n’est que second. Maisje ne le néglige pas, c’est un sujet important, au moment où l’on commémore la fin de la Première Guerre mondiale, ces tirailleurs sénégalais qui ont donné leur sang pour la mère patrie. Certains étaient volontaires et d’autres ont été plus tard recrutés un peu de force. »

« Mais ma première démarche était de me concentrer sur un personnage qui vivait un double exil : il arrivait sur une terre absolument étrangère, et en plus une terre pas dévolue à ce qu’elle devait être, c’est-à-dire nourrir les hommes, mais une terre de mort. Vraiment, au départ, j’ai voulu imaginer le choc qu’ont ressenti ces tirailleurs en arrivant sur une terre quasi lunaire tellement elle était frappée par les obus.”

Tout a commencé à la lecture de lettres de poilus

David Diop s’exprime d’une voix douce, posée, choisit ses mots avec soin. Ce livre-là, il l’a mûri pendant vingt ans. “Avant, je voulais apprendre à vivre”, dit-il en riant. Il est de passage à Paris après un festival littéraire en province et une télévision, avant d’attraper un avion pour Pau où il vit et enseigne la littérature du XVIIIe siècle à l’université, puis de revenir dans la capitale pour plus de signatures, de rencontres, d’entretiens.

En un mois, son livre est celui qui se sera imposé comme la grande révélation de la rentrée, et, à l’heure où l’on boucle ce numéro, comme celui qui figure dans le plus de sélections des prix littéraires. Nous saurons s’il en décroche un dans quelques jours.

« Je me suis dit que je pouvais imaginer une intimité d’un tirailleur sénégalais pendant la guerre »

Tout a commencé pour David Diop à la lecture de lettres de poilus, “chargées d’une grande émotion, car ce sont des lettres qui ont été écrites par des jeunes gens qui allaient mourir. J’ai voulu chercher des lettres équivalentes de tirailleurs sénégalais, mais je n’en ai pas trouvées. Il y a un lieu au Mali où certains effets de ces soldats auraient été conservés, dont des lettres. Mais un historien m’a confirmé que souvent celles-ci n’étaient pas intimes mais administratives. Je me suis dit que je pouvais, moi, imaginer une intimité d’un tirailleur sénégalais pendant la guerre.”

Ce sera celle d’Alfa Ndiaye, l’un des narrateurs les plus bouleversants qu’on ait pu inventer ces dernières années. Engagé volontaire, dans ce qui allait être une boucherie, pour suivre  son ami, son plus que frère, bref son “frère d’âme” Mademba Diop, il va vivre dans sa chair la violence et l’injustice de la guerre.

Les premiers sacrifiés au front

Si tous les jeunes gens enrôlés en auront souffert, les soldats sénégalais étaient ceux qu’on envoyaitau front en première ligne, c’est-à-dire ceux qui se faisaient tirer par les Allemands comme des lapins, ceux aussi à qui l’on ne donnait pas de manteau, puisqu’ils allaient mourir de toute façon. “Certains étaient envoyés pour couper les barbelés entre les deux lignes et là, c’était du tir au pigeon. Mais tout le monde a souffert de cette abomination.”

Dans Frère d’âme, ce sont en effet eux que le capitaine Armand sacrifie d’abord – les autres jeunes y passeront ensuite, de toute façon. Dès le début, Alfa assiste à la mort lente et atrocement douloureuse de son ami, éventré par l’ennemi “aux yeux bleus”. “Alfa Ndiaye refuse trois fois de l’achever. C’est ce moment-là qui est fatal pour lui. Alfa tombe dans une espèce de folie meurtrière, car il a perdu sa raison de faire la guerre et son meilleur ami”, raconte David Diop.

David Diop © Renaud Monfourny

Si la France autorise les tirailleurs sénégalais à manier, en plus de leur arme à feu, un coupe-coupe, Ndiaye va s’en servir pour couper les mains des soldats ennemis – puis les éventrer –, avant de les garder, de les embaumer, jusqu’à commencer à effrayer son camp, à devenir gênant pour le capitaine, qui fera tout pour s’en débarrasser.

Ou comment, ironiquement, un jeune Sénégalais finit par se conformer, à cause de cette guerre entre Blancs qui se révèleront encore plus abjects dans celle qui va suivre, à l’image du méchant Noir sauvage servie “par la propagande ennemie, et par la propagande française, précise l’auteur. A ce moment-là, il y a une grande propagande. Et la France, puisqu’elle a admis dans son armée que ces soldats-là pouvaient porter des coupe-coupe, a joué sur la peur des soldats allemands, peur de la barbarie, de la sauvagerie. »

Dépasser le thème de la guerre pour aborder des sujets universels

« J’ai vu des caricatures présenter le tirailleur sénégalais comme un être abominable avec un faciès énorme, simiesque, des têtes de mort suspendues à sa ceinture, avec le sourire de qui se réjouit de commettre un massacre. Ce que j’ai voulu faire avec ce texte – et là, il y a une dimension politique –, c’est jouer et déjouer cette propagande. Senghor en parle dans ses poèmes, et ce qui l’a perturbé, c’est de voir le sourire Banania. »

« La France a joué de la représentation de la sauvagerie (que l’on avait en Europe) pour faire peur à l’ennemi »

« Cette image du tirailleur sénégalais qui est à la fois courageux, un grand guerrier, mais qui reste un enfant. La France a joué de la représentation de la sauvagerie (que l’on avait en Europe) pour faire peur à l’ennemi, qui s’est bien vengé. D’ailleurs, j’ai entendu dire que c’est en voyant les tirailleurs sénégalais se faire descendre le long des chemins de la région où il était préfet que Jean Moulin serait entré en résistance durant la Seconde Guerre mondiale. De ce point de vue, les deux guerres mondiales n’en font qu’une, le lien ce sont les tirailleurs sénégalais.”

Si Frère d’âme est aussi beau, c’est non seulement qu’il dépasse le thème de la guerre pour aborder des sujets aussi universels et intemporels que le deuil impossible, la culpabilité, le désir de vengeance, la perte d’une mère (les pages de souvenirs en Afrique), mais aussi que s’y déploie une vraie langue singulière, littéraire. Le tour de force de Diop est d’avoir su inventer une voix aussi crédible que poétique, une langue française teintée d’un rythme africain sans jamais tomber dans l’exotisme.

Comment les blessures ouvrent d’autres blessures

Né à Paris en 1966 d’une mère française et d’un père sénégalais, David Diop était enfant quand sa famille a fait le mouvement inverse : quitter la France pour s’installer au Sénégal. “D’ailleurs, peut-être que la littérature me permet de parachever cette symbiose-là. J’ai été heureux. Ça m’a permis d’apprendre une autre culture, et en écrivant, de lier ces deux cultures. Il y a un français du Sénégal. »

« Par exemple, j’aime le mot ‘essencerie’ pour dire station d’essence. Il y a un rythme, un respect de la grammaire de la langue française, qui a été apprise comme une langue étrangère avec des méthodes classiques. Il y a aussi, indépendamment de la langue, en Afrique de l’Ouest, un respect et un goût pour la parole et le bien-dire. C’est ce contre quoi Ahmadou Kourouma (écrivain ivoirien décédé en 2003, ayant vécu au Mali et en France, qui fut envoyé comme tirailleur sénégalais en Indochine – ndlr) s’est un peu inscrit. »

« J’ai une grande admiration pour Kourouma, à qui l’on reproche d’avoir malinkisé le français. Le malinké, c’est sa langue, qui est parlée en Afrique de l’Ouest. Je pense, moi, qu’il a créé sa langue d’écrivain en français. Il a réussi à intégrer dans cette langue d’écrivain un horizon culturel absolument étranger à l’horizon culturel français. Mais sans passer par l’exotisme. Dans mon cas, j’ai essayé de retrouver le rythme d’une langue autre, qui rythmerait le français différemment en lui donnant à la fois une impression d’étrangeté et de proximité pour le lecteur francophone. »

« Le résultat, c’est une sorte de psalmodie, qui donne une dimension un peu poétique. La poésie, c’est le retour d’un refrain, et le refrain ici c’est ‘Par la vérité de Dieu’. Il y a aussi une façon de se raconter son histoire qui est liée à une tradition de l’oralité, où le récit devient presque mythique.”

On ne saura pas où combat Alfa Ndiaye, ni de quelle bataille il s’agit. Diop écrit comment la sauvagerie engendre la sauvagerie, comment les blessures ouvrent d’autres blessures, de tout temps, et pour tous. Espérons qu’il obtienne un prix cette semaine, ce serait mérité.

Frère d’âme (Seuil) 176 p., 17 €
Lire un extrait

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Après avoir découvert l’univers littéraire de David Diop, il pourrait être intéressant de se pencher sur d’autres sujets connexes. Par exemple, l’article Emmanuel Macron va-t-il enfin reconnaître le massacre de Thiaroye? explore une question historique et politique qui touche également au passé colonial de la France, un thème souvent abordé dans la littérature contemporaine. Pour ceux qui s’intéressent aux récompenses littéraires, Que penser du Goncourt attribué à Nicolas Mathieu ? offre une analyse des choix du jury du prestigieux prix. En revenant dix ans en arrière, Rentrée littéraire : qui était notre coup de cœur, il y a dix ans ? propose un regard rétrospectif sur les tendances littéraires passées. Le premier roman de Marin Tince, “Et l’ombre emporte ses voyageurs” : un premier roman exceptionnel de Marin Tince, pourrait également captiver ceux qui apprécient les nouvelles voix littéraires. Pour une perspective unique sur la Première Guerre mondiale, “Frère d’âme” : la Grande Guerre vue par un tirailleur sénégalais de David Diop lui-même est incontournable. Enfin, l’article Alain Mabanckou et Léonora Miano : “Il faut plier le français à notre sensibilité” aborde la question de l’adaptation de la langue française aux sensibilités africaines, un sujet qui résonne avec les œuvres de nombreux auteurs contemporains.

À lire également
  • Emmanuel Macron va-t-il enfin reconnaître le massacre de Thiaroye?
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