IDLES, Sufjan Stevens, Jane Birkin… les 10 albums de l’automne

Klub des Loosers, punchliner désabusé

Fuzati, éminence grise et seul membre permanent du Klub des Loosers, avait, dès ses débuts en 2002, préfiguré le port du masque obligatoire autant que les débordements de spleen dans le rap. Trois ans après Le Chat et autres histoires, un album en forme de recueil de nouvelles pour lequel il délaissait le sample au profit de la composition, le Klub est de retour avec Vanité, un disque plein à craquer de punchlines et de rimes désabusées sur l’esprit de win qui gangrène la société. La cuvée 2020 est sans doute la meilleure. FM
Vanité (Ombrage Editions/PIAS), sortie le 18 septembre

Octavian, doux bangers

Deux ans après son passage remarqué aux Inrocks Festival, le Franco-Britannique Octavian (né à Lille avant de grandir dans le Sud-Est londonien) explore la notion de dualité, mettant en balance sa sainteté et ses démons, “la célébrité et les ténèbres”, “l’amitié et la trahison”, “l’amour et la haine”, sur un premier album, Love Will Win Evol Will Die. Un disque d’équilibre, entre bangers et productions plus douces. Soigné. CB
Love Will Win Evol Will Die (Black Butter Limited/Sony Music), sortie le 25 septembre

Sufjan Stevens, les Etats (dés)unis

A 45 ans, le songwriter américain le plus important de sa génération va publier son huitième album qui figure déjà parmi les sommets de sa discographie. Après l’acoustique Carrie & Lowell (2015), le natif du Michigan renoue avec la veine électronique et expérimentale de l’immense The Age of Adz (2010), signant quinze titres en prise avec l’époque et les Etats-(dés)Unis (la fresque politique America). “Mon objectif était simple : interroger le monde qui nous entoure. Questionner tout ce qui ne tient pas la route. Eradiquer toutes les conneries. Faire partie de la solution ou s’éloigner. Garder les pieds sur terre. Rester honnête. Rester simple. Continuer d’avancer”, résume Sufjan Stevens dans la bio de The Ascension. FV
The Ascension (Asthmatic Kitty/Modulor), sortie le 25 septembre

IDLES, punk’s not…

Portés par le succès énorme de Joy As an Act of Resistance (2018), un album qui leur a permis de caracoler en tête d’affiche des plus grands festivals du monde, les kids de Bristol sont de retour avec le troisième volet de leur programme de libération des masses, Ultra Mono. Mis en boîte dans les studios franciliens de La Frette aux côtés de Nick Launay (producteur de Nick Cave) et peaufiné par le tapageur Kenny Beats, ce nouveau disque viendra remettre quelques pendules à l’heure. Quitte à en surprendre quelques-un·es. FM
Ultra Mono (Partisan Records/PIAS), sortie le 25 septembre

Working Men’s Club, psyché rocks

C’est l’un des coups de cœur les plus immédiats que l’on ait vécus depuis bien longtemps. En un titre, Teeth – du post-punk trempé dans de l’électronique –, le groupe de Sheffield nous retournait le cerveau et nous balançait des seaux de sueur. Après avoir assuré les premières parties de Fat White Family en Angleterre, puis secoué en mars dernier la Gaîté Lyrique lors des Inrocks Festival, la bande emmenée par son leader Sydney Minsky-Sargeant (19 ans) s’apprête à sortir un tout premier album sous influence psyché et new-wave, lorgnant du côté de Soft Cell et Suicide avec quelques incursions vers Tame Impala. Très, très fort. CB
Working Men’s Club (Heavenly Recordings/PIAS), sortie le 2 octobre

beabadoobee, slackeuse indie

20 ans à peine et déjà trois solides EP au compteur. Bea Kristi, alias beabadoobee, née aux Philippines mais élevée à Londres, clamait l’année dernière “I wish I was Stephen Malkmus” sur le titre slacker à souhait du même nom, ravivant ainsi aux côtés de Snail Mail, Clairo ou encore Lucy Dacus la flamme indie rock des années 1990. Elle sortira chez Dirty Hit (le label de The 1975) Fake It Flowers, un premier album attendu au tournant. FM
Fake It Flowers (Dirty Hit/Caroline), sortie le 16 octobre

Lous and the Yakuza, l’éclectisme gore

Débarquée dans le paysage musical avec un tube, Dilemme, Marie-Pierra Kakoma, jeune artiste belge de 24 ans, semble bien partie pour faire vaciller l’édifice branlant de la variété francophone. A peine sortie et déjà remarquée, Lous and The Yakuza assurait en décembre dernier la prestigieuse Création aux Trans Musicales de Rennes, où elle dévoilait déjà les richesses éclectiques de son premier lp, Gore. FM
Gore (Columbia/Sony Music), sortie le 16 octobre

Matt Berninger, horizons lointains

Echappée belle pour le leader de The National, qui signe son premier album solo avec la complicité du légendaire multi-instrumentiste Booker T. Jones, à la fois producteur de Serpentine Prison et cofondateur du label Book Records avec lui. A l’aune des deux titres déjà parus, le délicat single éponyme et l’envoûtant Distant Axis, on retrouve la signature vocale du chanteur du groupe rock américain et sa profondeur mélodique habituelle. Avec le concours d’une ribambelle de musiciens (dont Mickey Raphael, l’harmoniciste de Willie Nelson), Matt Berninger explore néanmoins d’autres horizons. On y reviendra. FV
Serpentine Prison (Caroline/Universal), sortie le 16 octobre

Ela Minus, vapeurs colombiennes

Après un premier groupe de punk adolescent en Colombie, son pays natal, Ela Minus s’engouffre dans la scène techno aux Etats-Unis. Désormais installée à Brooklyn, elle sort Acts of Rebellion sur le label Domino, un disque de techno-pop en rose et noir, aussi introspectif que tourné vers le commentaire sociopolitique d’une voix vaporeuse à souhait, naviguant entre l’espagnol et l’anglais. Du Nicolas Jaar sous acides. CB
Acts of Rebellion (Domino Records), sortie le 23 octobre

Jane Birkin, avec Daho comme partenaire de jeux

Ce sera le disque événement de cette fin d’année. Annoncé pour le 20 novembre, Oh ! pardon tu dormais… est le titre du prochain album de Jane Birkin, qui était aussi celui de sa pièce de théâtre qu’Etienne Daho rêvait de mettre en musique depuis des années. “Etienne m’a accouchée d’une ancienne douleur d’être, me sauvant de la mélancolie, de l’inertie”, raconte la chanteuse et actrice britannique. Dévoilé avec un premier single entêtant, Les Jeux interdits, ce disque à la fois immédiat et profond, intime et touchant a été réalisé par Daho et son fidèle acolyte Jean-Louis Piérot. Le grand frisson de l’automne. FV
Oh ! pardon tu dormais… (Barclay Mercury/Universal), sortie le 20 novembre