Rencontre avec l’étoile montante du nail art, Nailed by Inès

Inès Ould Kaci, c’est la nail artist incontournable du Tout Paris – mode comme musique –, qui fusionne Y2K et futurisme, proposant une esthétique conceptuelle, doucement nostalgique et qui fait de chaque main un voyage. 

Hello Kitty, Smiley Face, Nokia 3310, cupcakes, Tamagotchi ou encore Shakira : à travers chaque ongle qu’elle compose avec la plus grande précision, Inès Ould Kaci, mieux connue sous le nom de Nailed by Inès, injecte une dimension onirique et picturale dans son nail art. Entre ses mains, chaque doigt devient le théâtre de souvenirs, d’émotions et de création pure – faisant d’elle l’étoile montante du nail art, créations en plein boom actuellement. 

Oscillant entre milieu de la mode et de la musique, elle a notamment collaboré avec l’actrice Rossy de Palma, la rappeuse Lalla Rami et le créateur Xuly.Bët. Aujourd’hui, elle raconte son combat personnel – Inès est en situation de handicap -, et la liberté et l’accomplissement que racontent sa carrière en plein essor. Rencontre avec une artiste dont on n’a pas fini d’entendre parler. 

Comment avez-vous commencé votre métier de nail artist? 

Inès Ould Kaci – Enfant, je collectionnais les vernis des bacs à un euro des marchés, j’en avais une trousse entière. Puis un jour, mon amie Dourane, musicienne merveilleuse, m’a emmenée me faire faire les ongles pour mon anniversaire, et j’ai de suite adoré ce monde des nails. 

Mais surtout, le nail art m’a sauvée quand ma santé était au plus bas. Le fait de pouvoir faire mes ongles moi-même lorsque je n’en avais pas la force m’a fait reprendre du poil de la bête deux fois plus rapidement, après avoir passé un an et demi à jeun entre hospitalisation et perfusion… J’avais totalement oublié ce que ça faisait de prendre soin de soi et surtout à quel point c’était important. 

Pour moi, les ongles font plus que terminer un look : ils donnent de l’assurance, de la prestance, ils touchent à l’image que l’on a de soi. Et pour moi, devenir nail artist m’a redonné de l’estime de moi-même quand j’en avais le plus besoin. 

Comment décririez-vous votre esthétique ? 

Mon esthétique est totalement années 2000 et streetwear, j’adore mélanger ces deux mondes qui reflètent totalement qui je suis : des strass, des paillettes, du blingbling, des pixels et couleurs vives ou encore des pastels néons et foncés, les TN, les ensembles de joggings and more. J’associe ça à ma petite enfance puisque je suis née en 1999 (rires), mais j’ai tout de même vécu les années 2000 à travers ma grande sœur, née en 93, qui a fait perdurer ces années en nous transmettant ce qu’il y avait de meilleur à en tirer. Les années 2000, c’est les Totally Spies, Martin Mystère, les CDs, les scoubidous, les Tamagotchi et la Gameboy Color. C’est aussi ce que j’observais auprès des amies de ma grande soeur : les jeans taille basse, les tatouages en bas du dos, les ongles longs.

Et aujourd’hui, avec du recul, ce qui me plaît dans cette esthétique, c’est la manière dont on n’en avait rien à faire de la “mode”. À l’époque, on savait se satisfaire de l’imparfait, de l’irrégularité et surtout on laissait beaucoup plus parler notre créativité de manière spontanée, d’une manière beaucoup moins contrôlée qu’aujourd’hui. Par exemple, à l’époque, le fait de mélanger plein de couleurs, plein de matières différentes, n’avait pas forcément d’importance, contrairement à aujourd’hui. 

Quel est votre rapport aux réseaux sociaux ? 

Je me suis vraiment lancée grâce aux réseaux sociaux. J’ai appris en passant des nuits devant des tutorials Youtube, cahier en main, à prendre des notes. Puis je me suis entraînée sur mes sœurs, et finalement Dourane fut ma première cliente. Elle a mis une story des ses ongles et à partir de là, j’ai eu mes premiers clients, que je reçois depuis chez moi. 

Pourriez-vous me parler de votre travail dans la mode et la musique ? 

Mon premier job dans la mode était avec la marque Xuly.Bët, et j’ai adoré être dans l’adrénaline et dans l’ambiance spéciale qu’il y a sur un un shoot. Ça me fait vivre le temps d’une journée ou de quelques heures, et même si je commence à y voir les côtés sombres, je n’échangerais pour rien au monde ce petit moment d’adrénaline qui me donne envie de faire encore plus de choses tous les jours. En ce qui concerne la scène, je suis la nail artist (et maquilleuse entre autres) officielle de deux grandes stars de la musique : Lalla Rami et Lafawndah. J’ai aussi maquillé Lala &ce et d’autre artistes musicales et j’aime beaucoup ce monde qu’est la scène – mais si je devais faire un choix, je choisirais la mode à coup sûr. 

Quel message souhaitez-vous communiquer via votre nail art ? 

Si il y a bien une idée que j’aimerais véhiculer, ce serait dans un premier temps celle de croire en soi et en ses rêves. Mais, surtout, je suis persuadée qu’on a tous un petit quelque chose en nous ou une particularité qui fait les personnes que nous sommes, et si on peut en faire une force et s’en servir comme arme de navigation, je pense que l’on peut être capable du meilleur. Je fais régulièrement des nails avec des ustensiles/objets/médicaments et le fait d’utiliser pour le nail art des choses qui sont de base destinés à mon hospitalisation et à mes soins, résume très bien ce que je veux dire par là. 

Quel message au sujet des personnes souffrantes et/ou en situation de handicap aimeriez-vous diffuser, notamment auprès du milieu de la mode ? Vous utilisez notamment le hashtag devenu viral sur Instagram, #handicapable. 

Si j’ai un seul message à faire passer, c’est que tout est possible et que tout est faisable. Quand on veut on peut : si on venait dire à la Inès d’il y a deux ans tout ce que j’allais accomplir lorsque j’étais dans mon lit d’hôpital, je n’y aurais jamais cru ! Le handicap, c’est relatif, il faut s’en servir pour en faire de l’art. Comme mes nails spécial médicaments dont je parlais : c’était une petite manière de transformer mon handicap en art. Et le #handicapable je l’ai trouvé trop marrant, et ça rend palpable ma situation.

Vous pouvez retrouver les créations de Nailed by Inès sur son compte Insta

Propos recueillis par Alice Pfeiffer