Sur X, Valérie Pécresse et “Valeurs actuelles” étrillent de concert l’affiche de la Marche des Fiertés de Paris, allant même jusqu’à retirer les subventions de l’événement.
Ce mercredi 4 juin, l’Inter-LGBT, qui organise chaque année la Marche des Fiertés parisienne, a dévoilé son affiche 2025, publiée en une de L’Humanité. Y apparaissent différentes personnes aux identités variées (une personne voilée, un militant Act Up, des personnes trans…) en train de célébrer une même victoire : l’un·e d’entre elleux vient de mettre KO un homme sur lequel on peut apercevoir le tatouage d’une croix celtique (symbole signifiant la suprématie blanche). ”Queers de tous les pays, unissons-nous contre l’internationale réactionnaire”, peut-on lire sur l’affiche. Bref, le mot d’ordre est clair : le moment est venu de passer à l’action.
Et il n’en a pas fallu plus pour affoler la fachosphère : Valeurs actuelles dénonce un visuel “mettant en scène la mort d’un homme blanc”, l’association Fiertés citoyennes (à savoir des homonationalistes qui servent de caution aux droitards) critique “une affiche ridicule” et, clou du spectacle, cette bonne vieille Valérie Pécresse met son grain de sel. “La Région Île-de-France refuse d’être associée à cette affiche qui incite à la violence avec son cadavre renversé !”, lance-t-elle sur X, nourrissant allègrement les contresens honteux de l’extrême droite. Dans les commentaires, elle ajoute retirer ses subventions à la marche et ordonner le retrait du logo de la Région sur l’affiche. Même chose pour Aurore Bergé (celle-là même qui recevait les militantes transphobes Marguerite Stern et Dora Moutot dans son bureau) qui demande à faire retirer le logo de la DILCRAH.
Enfin le réveil ?
Et si cette réaction en chaîne était en vérité un bon signe ? D’abord parce qu’il serait alarmant que des initiatives militantes queers comme la Pride plaisent à Valérie Pécresse, bourgeoise réac par excellence qui défilait il n’y a pas si longtemps que ça dans les cortèges de la Manif pour tous. C’est aussi, peut-être, le signe que l’Inter-LGBT est en train de se réveiller. Critiquée depuis plusieurs années pour son approche lisse et pécuniaire, l’association a eu du mal à se montrer à la hauteur de sa mission.
“Il y a eu une récupération commerciale de la Pride, autorisée par l’Inter-LGBT. Le fait que des marques défilent est assez problématique, elles prennent plus de place que les personnes célébrées. Les chars Coca-Cola ou Levi’s invisibilisent les participants”, expliquait en 2022 l’un des portes-paroles de la Pride Radicale. L’année d’après, en 2023, c’est l’absence de chars qui fait polémique : “Elle a conduit à la disparition de l’affirmation de toutes les communautés dans leurs diversités, leurs désirs, leurs expressions”, écrivait Geoffroy de Lagasnerie sur Le Club de Mediapart. Revient aussi souvent le sujet de la place de la police, à qui l’Inter-LGBT a parfois attribué un cortège personnel contre l’avis de la communauté. Chaque année, l’impression est donc la même : l’événement devient de moins en moins politique.
Pleurnicheries hypocrites
Alors on peut se réjouir de voir qu’elle se remette à déranger. Après tout, c’est le rôle fondateur de la Pride. Rappelons aussi que cette réaction dit bien plus sur Valérie Pécresse et ses sbires que sur l’affiche en elle-même : c’était la même musique au moment de la polémique autour de Chéries-Chéris, festival de cinéma LGBTQI+ auquel elle a aussi annoncé retirer ses subventions. Bref ça n’étonne personne, il s’agit ici surtout d’attendre le premier “faux pas” (qui n’en est pas un) pour se désolidariser et cracher sur les queers. De quoi nous rappeler le danger que représente l’institutionnalisation des luttes, notamment via le système de subventions : obligation direct de satisfaire des annonceurs qui ne jurent que par l’argent, et sévissent au moindre écart.
Il va falloir s’y faire : Valérie Pécresse et Aurore Bergé ne seront pas avec nous le 28 juin prochain pour les droits LGBTQI+. Personne n’est surpris, mais surtout personne n’en a rien à faire. On se débrouillera sans elles.
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